Billet d’humeur de Grégoire Saulnier, Etudiant en B.T.S. Commerce International, portant sur « Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson

Avec cette œuvre intitulée Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson nous invite dans sa cabane au fin fond de la forêt sibérienne sous une température moyenne de -30°c.

Grâce à ce livre, nous pouvons, nous aussi, nous retrouver à explorer des projets fous auxquels nous aurions pu penser lors d’une soirée, ou bien que nous aurions eu sur un coup de tête, comme par exemple, cette idée de s’exiler loin de tout afin de se retrouver soi-même.

Le monde auquel se confronte Sylvain Tesson est le même que le nôtre, cependant, le temps et les limites n’y sont pas vécus de la même façon.  A contrario des grandes villes où le temps est compté et les règles nous entourent, telles les innombrables immeubles de ces dernières, le vaste paysage sibérien s’étend sur des kilomètres dans le silence et une durée indéfinissable. Il nous invite à nous perdre avec lui, à regarder par la fenêtre le paysage qu’il nous décrit et à prendre conscience de la vanité de l’homme à croire qu’il peut contrôler le temps qui passe.

La forme originale du carnet ou journal de bord utilisée pour l’œuvre nous plonge parfaitement dans le quotidien de l’auteur. Parfois, le minimum suffit pour décrire une journée, et suffit aussi pour mener un quotidien paisible. Parfois, la description est plus détaillée et permet de nous transporter directement dans la cabane qu’il occupe durant ces 6 mois en ermite.

Ce livre nous invite à nous poser des questions sur la source véritable du bonheur, est-il celui auquel nous forment nos sociétés basé sur le matérialisme ? Ou bien est-il celui consistant à mener une vie paisible en accomplissant des actions anodines et essentielles, en s’élevant spirituellement et en vivant simplement en harmonie avec la nature.

Enfin, il nous fait prendre du recul sur ce que nous sommes et nous fait effectuer un voyage dans une culture diamétralement opposée.

Le livre m’a plu indéniablement. Si j’avais une réserve elle concernerait le ton parfois très neutre du récit. Les émotions de Sylvain Tesson ne sont pas vraiment décrites ou ces dernières semblent aussi froides que la température extérieure ; Il ne semble guère touché par les rares nouvelles qui lui parviennent de ses proches. Que ce soit l’anniversaire de son père ou bien la naissance de l’enfant de sa sœur, rien de cela ne semble l’affecter. Cela est peut-être dû à l’habitude qu’il a de voyager, l’habitude prise d’être loin des siens. Seule l’annonce de la décision de son amie l’ébranlera profondément. Notons enfin la présence très forte de l’alcool qui lui permet de noyer sa détresse alors même qu’il pense avoir atteint le bonheur…

Sylvain Tesson est tout cela : un aventurier, un poète, un simple homme aussi avec ses contradictions.