Billet d’humeur de JOHN CRAWFORD, ETUDIANT EN B.T.S. ASSURANCE, L’ILE DU DR MOREAU, H.G. WELLS

L’ile du Docteur Moreau est un récit de science-fiction publiée en 1896 en Angleterre.

Un jeune homme, Prendick, échoue sur une île où se déroulent des expérimentations scientifiques exécutées par un savant fou. Obsédé par la vivisection et la transfusion sanguine, ce dernier visent à fabriquer des êtres hybrides afin d’en faire des créatures capables de penser et de parler, des êtres déchirés entre posture humaine et instinct primaire bestial refoulé car proscrit. La terreur règne sur cette île et l’aventure tournera au désastre généralisé.

Cette œuvre rappelle le  Frankenstein  de Mary Shelley, écrit plus tôt , par les thèmes évoqués. Est à noter aussi l’actualité de ce livre à l’heure où progrès technologique et scientifique ne cessent de se démultiplier et posent le problème de l’éthique.

D’une modernité surprenante, ce livre se fait l’écho d’une science toute puissante détenue par un chercheur qui joue à l’apprenti sorcier en toute impunité et inconscience. L’homme ne se prendrait il pas pour dieu ?

Mépris de la vie animale, bestialité de l’humain…. Une inversion s’opère et cette dualité se signale dans la barbarie et l’inutilité de certaines expériences qui n’engendrent que souffrance au mépris de l’éthique. Où est notre humanité lorsque nous même nous fermons les yeux sur les atrocités commises sur des animaux tout comme le fait Prendick , p 55: « ..les cris résonnaient ..toute la douleur du monde … s’exprimer. Pourtant, (…) j’aurais assez bien supporté de savoir la même souffrance près de moi si elle eut été muette » ? Toute l’hypocrisie de notre monde moderne est ici évoquée. Ces deux dernières années aux USA 20 % de primates en plus ont été utilisés dans les laboratoires mais sont muets, nous abattons des millions d’animaux par an dans le monde dont des cochons avec lequel nous partageons 98% de nos gènes et qui sont aussi les cobayes d’expériences visant à faire d’eux des distributeurs d’organes de rechange pour les hommes sans parler du clonage ou même de la volonté affichée par certains de faire revenir à la vie des espèces disparues telle le mammouth laineux …..de la littérature de science-fiction à la réalité il n’y a qu’un pas et toutes les horreurs relatées dans ce récit pourraient bien devenir triste réalité…..

En chacun de nous sommeille une part sombre et bestiale. Nous nous efforçons de croire que nous sommes en tout supérieur à l’animal mais l’histoire de l’humanité nous rappelle que les instincts primaires peuvent ressurgir à tout moment. Qui sont alors les véritables bêtes ?

A la fin du livre, un rescapé retournera dans le monde civilisé mais ne pourra plus jouer la comédie humaine, il gardera les stigmates de cette mésaventure et ne cessera de s’interroger le reste de sa vie : qui de l’homme ou de l’animal est le plus bestial ?

« L’être humain est, au fond un animal sauvage et effroyable. Nous le connaissons seulement dompté et apprivoisé par ce que nous appelons civilisation », Arthur SCHOPENHAUER.

En conclusion, et même si la critique faite en amont est peut-être quelque peu vindicative à l’égard de mes semblables concernant le sort réservé aux animaux, j’ai apprécié ce livre dans son ensemble. La science-fiction est un style que j’affectionne car l’utilisation de la réalité pour nous emmener vers un monde « imaginaire » nous permet de prendre du recul sur certains thèmes sociétaux. En outre, le sujet de cet ouvrage est particulièrement intéressant et comme nous l’avons évoqué plus haut, il est toujours d’actualité avec un nouveau défi, l’utilisation, à bon escient, des nouvelles technologies dans la transformation du vivant.