Billet d’humeur de Chloé Bertin, Etudiante en B.T.S. d’Assistant de Manager, portant sur La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, de Philippe Delerm

Dans son recueil de poème en prose, Philippe Delerm nous transporte dans nos souvenirs les plus anciens, les plus anodins. Lire ce recueil, c’est fermer les yeux et plonger dans ce qui nous a, un jour, bercé de bonheur.

Le sous-titre « et autres plaisirs minuscules de la vie » est écrit en toutes petites lettres, comme pour souligner le caractère insignifiant, anodin de ces petits riens que l’on oublie le plus souvent, sur lesquels personne ne prend le temps de s’appesantir alors même qu’ils colorent la vie et lui donnent sa saveur.

C’est avec beaucoup de talent et de précision que Philippe Delerm remémore ce que nous avons pour beaucoup d’entre nous en commun, les souvenirs simples de notre enfance, de notre adolescence et de notre quotidien d’adulte. Il nous décrit ces petits riens de la vie que très souvent nous vivons sans en apprécier la vraie valeur. Ainsi, il nous invite en quelques pages au présent à savourer à nouveau des moments du passé, et si l’on regarde bien, tirer un enseignement pour le futur.

Chacun de ces moments : L’inhalation, Aider à écosser les petits pois, L’autoroute la nuit et les 31 autres poèmes nous rappellent qu’il est bon, de temps en temps, de s’arrêter sur l’instant présent pour en savourer la joie et la simplicité qui s’en dégage. Qui ne s’est pas un jour tortillé dans tous les sens pour Lire un livre sur la plage ? Qui n’a pas craqué pour Le croissant du trottoir, celui que l’on mange sans attendre d’être rentré, élan de gourmandise et de liberté assumée ?

On peut aussi, en filigrane, voir dans cette œuvre une critique de notre société et des codes qui la rendent si rigide et fade. Il est si bon de céder à la gourmandise d’une sucrerie, mais lorsque l’on est adulte, c’est comme si succomber à nos désirs était devenu un acte coupable, sévèrement réprimé par la morale ambiante si opprimante. Il n’est plus l’heure d’être un enfant. La société nous arrache à ce qu’il y a de plus vrai et de plus sensé dans notre monde.

Si je devais choisir trois souvenirs auquel Philippe Delerm m’a fait repenser et auquel je ne m’étais jamais attardée, je retiendrais : On pourrait presque manger dehors qui m’a fait penser à tous ces midis où le soleil a commencé à se lever, Le trottoir roulant de la station Montparnasse qui m’a replongé dans mes expériences enfantines, et Les loukoums de chez l’arabe, ces gourmandises dont je raffole.

Facile à lire, et agréable, ce recueil est une plongée dans votre mémoire sensorielle qui vous permettra aussi d’accentuer la saveur de ces « plaisirs minuscules » en en prenant conscience.