Billet de Julie Fernandès, étudiante en BTS Commerce International, portant sur Réparer les vivants Julie Fernandès (2016-2017)

Une histoire bouleversante, un destin tragique, celui de Simon Limbres, jeune adolescent de 19 ans. Un passionné de surf, mais, avant tout, un corps rempli de vie et de rêves qui est anéanti en une fraction de secondes lorsque le van que son ami Chris conduit est propulsé contre un poteau. Simon, le seul à ne pas être attaché, est éjecté à travers le pare-brise. A son arrivée à l’hôpital, il souffre d’une grave hémorragie et les scanners montrent une absence totale d’activité cérébrale. Simon est en état de mort cérébrale et de coma dit “profond”. C’est alors que commence une véritable course contre le temps à laquelle vont devoir faire face les nombreux médecins et infirmiers coordinateurs afin de mettre en place, avec le plus grand respect, le protocole de don d’organes.

Comment expliquer à des parents que leur enfant est mort alors que son corps est intact, qu’il a la peau rose et qu’il est possible de l’entendre respirer ? C’est ici que se trouve la plus grande difficulté, admettre que Simon n’est plus capable de respirer tout seul, que son cerveau n’est plus alimenté, et que, sans toutes ses machines, son cœur s’arrêterait de battre en quelques secondes. Il est difficile de concevoir la mort de quelqu’un quand celui-ci respire encore. Le corps médical doit alors trouver les mots justes afin de convaincre les parents et de la mort et de la nécessité d’accepter le prélèvement des organes.

 

C’est également l’histoire de ses parents Marianne et Sean et de tous les parents en général qui sont victimes de la perte d’un enfant, leurs angoisses face à l’attente de réponses mais aussi les réactions face à la mort et surtout face à la demande qui est, sans aucun doute, l’une des plus difficiles à faire à des familles endeuillées, celle des dons d’organes. Suite à celle-ci, vient une longue période de réflexion, de doutes devant ce choix auquel, la plupart du temps, les parents ne sont pas préparés. Ceux de Simon vont finir par accepter de donner les organes de leur fils mais refusent de donner ses yeux. C’est une décision qui va demander beaucoup de courage de leur part, c’est un passage du livre très émouvant et bouleversant dans lequel l’auteur nous plonge au cœur de ce questionnement.

 

Mais c’est également l’histoire de personnes malades en attente d’un donneur potentiel. C’est le cas notamment de Claire Méjan, une femme souffrant d’une myocardite qui a besoin d’une transplantation de cœur le plus rapidement possible. Le temps presse et c’est aussi une course contre la montre dont rend compte le rythme haletant du récit. Nous sommes plongés dans cette atmosphère fiévreuse où chaque minute compte, où chaque minute écoulée peut faire échouer les diverses opérations de sauvetage organisées dès lors que le consentement de prélèvement des organes de Simon a été donné. Il faut allier l’efficacité, le sang-froid et le tact, il faut sélectionner les receveurs en respectant les critères d’une liste prédéfinie, il faut coordonner les différentes équipes médicales venues de toute France, il faut enfin et surtout respecter les volontés émouvantes des parents.

 

On pourrait penser que ce livre provoque la tristesse en raison de son sujet et de la mort qui plane mais ce n’est pas le cas. Certes, il est très émouvant, j’avoue même avoir pleuré mais je pense que l’auteur a voulu se placer plutôt du côté des vivants, du côté de ce cœur qui continue à battre au-delà de la mort et qui peut permettre à une autre personne d’être sauvée.

 

Le don d’organe, c’est le pouvoir de donner la vie à quelqu’un qui était pourtant destiné à mourir, lui permettre de vivre, c’est une transmission, un don unique, une lumière dans l’obscurité. Ce qui me touche profondément c’est cette notion de partage, le fait qu’une mort aussi cruelle qu’elle soit peut devenir aussi espoir et promesse de vie, c’est ce message que nous transmet l’auteur, Maylis de Kérangal.

Du reste, le titre de l’œuvre “Réparer les vivants” parle de lui-même. Il est le fil conducteur du livre, c’est la quête de vie, c’est une vie qui s’essouffle pour en faire renaître une autre.

Le don d’organes est finalement le signe d’un renouveau.

L’auteur arrive du début jusqu’à la fin à nous transporter, le livre est une véritable claque, une leçon de vie et d’humanisme. Il est synonyme d’espoir et de solidarité. Il m’a procuré de fortes émotions. J’ai fini par réaliser que ce n’était pas un livre sur la mort mais bien un livre sur la vie.

 

“Enterrer les morts et réparer les vivants.” Tchékhov